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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES

tres » écoutaient attentivement, écrivaient la conversation en cours sur un coin de table.

Ainsi se trouvait rédigé, mystérieusement, le numéro du journal les Actes des Apôtres. Ce numéro était laissé sur la carte du restaurateur ; du restaurateur, il passait aussitôt chez un libraire dont la boutique avoisinait l’établissement de Beauvilliers, et qui se nommait Gathey [1].

Nous aurons plus d’une fois, dans ce livre, l’occasion de faire des rapprochements entre les menées mystérieuses des royalistes et les critiques imprimées qui paraissaient en même temps, et qui étaient publiées sous forme de journaux, de brochures, d’affiches, d’estampes avec ou sans texte.

C’étaient des provocations sur lesquelles comptaient les monarchistes pour amener des émeutes, dont souvent ils furent les victimes involontaires, les battus par imprudence.

Dans le tome quatrième du Journal de Louis XVI et de son peuple, ou le Défenseur de l’autel, du trône et de la patrie, un rédacteur s’attaquait au côté gauche ou sinistre de l’Assemblée constituante. Ce journal, commencé en 1790, vécut jusqu’à la fin de ladite Assemblée, soutenant la monarchie avec une âpreté excessive, sans se soucier des faits accomplis, des besoins de l’époque, des abus passés.

Les Actes des Apôtres ne tarirent pas en insultes adressées aux patriotes, depuis 1789 jusqu’en 1791. Son prospectus portait pour épigraphe :

« Quid Domini facient, audent cum talia fures.
« Liberté, gaieté, démocratie royale. »

Le 1er octobre de la même année parut A deux liards, à deux liards mon journal [2], dans lequel nous lisons, au début :

« Je n’emploierai que quelques lig-nes à me mettre au courant de la nouvelle Assemblée nationale. Elle a débuté sur le théâtre du Manège le 1er octobre 1791, l’an III de la révolte, en langage vulgaire l’an 1791, vérifié ses pouvoirs en deux jours, juré trois fois, insulté le Roi, la garde nationale, le public, bafoué les ministres, et gagné 150.000 francs. »

  1. Voir, plus bas, Salons, cafés, restaurants, libraires.
  2. Ce journal eut des imitateurs, qui ne brillèrent pas toujours par l’esprit.