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CLUB MONARCHIQUE

« Je suis sorti des Thuileries à six heures du soir, pour me rendre au Club monarchique ; j’ai rencontré dans la rue des Fossés-Montmartre un officier de la garde nationale de ma connoissance, qui m’a demandé si j’allois au Club monarchique ; sur m’a réponse, il m’a prévenu que la municipalité avoit commandé des troupes pour assurer notre tranquillité. J’ai continué ma route, et n’ai point rencontré de patrouilles. J’ai trouvé dans la rue des Écuries du Roi quelques personnes devant les portes, mais je n’ai apperçu aucun mouvement. Je suis arrivé jusqu’à la porte du Club monarchique dans une parfaite tranquillité ; je me suis présenté pour y entrer ; la sentinelle ne m’a pas répondu, mais un homme du peuple m’a crié que laséance étoit levée, et que personne n’avoit afTaire-là [sic). Sans aucune réplique de ma part, j’ai cherché à me retirer. Mais dans le même instant je me suis trouvé enveloppé et fortement pressé par vingt-cinq ou trente gens de toute espèce, parmi lesquels j’ai reconnu quatre ou cinq personnes revêtues de l’habit national, ayant le sabre dans son fourreau à la main (je suppose que c’est dans ce moment que l’on m’a dérobé ma montre) ; mais j’ai entendu dans le moment crier à Faristocrate ! à la lanterne ! et j’ai vu dans les yeux de ces forcenés le dessein de se procurer ce spectacle. Indigné jusqu’à l’excès, n’ayant point d’armes, j’ai rassemblé toute ma force et mon courage pour me séparer de cette troupe. J’ai reçu par derrière des coups de sabre sur la tête de la part de quelques-uns des gardes nationaux, des coups de poing et de bâton de la part de la populace ; et m’étant débarrassé d’elle, j’ai cherché, par la fuite la plus prompte, à me soustraire à ces odieux traitemens. La vitesse de ma course les empêchant de me rejoindre, ils m’ont lancé des pierres, dont une m’a atteint à la tête et m’a grièvement blessé. Dans l’intervalle de ma course, j’ai reçu des coups de droite et de gauche par ces brigands, qui n’avoient d’autre but que de m’assassiner. Je suis tombé deux fois ; mais, relevé promptement, je n’ai essuyé que quelques coups dans ces chutes. J’ai renversé plusieurs de ces gens-là sur mon passage, et j’ai eu le bonheur enfin de rencontrer une patrouille de gardes nationaux qui m’ont sauvé de la fureur du peuple et m’ont conduit chez le commissaire de police, de la part duquel, ainsi que de la garde nationale, je n’ai reçu que soins obligeans, honnêtetés et intérêt sur les mauvais traitemens dont ils ont bien reconnu que j’étois injustement la victime. J’ai pu écrire hier à un de ces messieurs, que l’on nomme M. de la Fontaine, et qui est peintre de l’académie, pour le remercier, ainsi que ces messieurs, des secours qu’ils m’ont donnés et auxquels je dois la vie.