Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/260

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lériez le dénouement, en attaquant premièrement la municipalité devant le directoire de département, et ensuite devant l’Assemblée nationale, car un délit plus certain que tous ceux qui alimentent le comité des recherches, est l’injustice atroce que nous éprouvons. — On s’avise non seulement de juger, mais de diffamer nos intentions ; et parce que quelques brigands soudoyés inquiètent une Société, elle sera dénuée de protection, livrée à toutes leurs fureurs, et les magistrats qu’ils réclament n’en seront pas responsables ! Mon avis est de poursuivre les magistrats jusqu’au déni de justice inclusivement ; et s’il arrive, je crois que vous devez, messieurs, dresser une pétition à l’Assemble nationale, la déposer chez un notaire, et inviter publiquement tous les membres de la Société à venir en prendre connaissance et à la signer. — Cette pétition sera la physique expérimentale de la Constitution et de la liberté, dont nous ne connoissons encore que la métaphysique. — .Si l’on ne vous prouve pas que vous êtes dans un état de forfaiture et de révolte contre les loix, si les dissentimens qui nous séparent de la doctrine jacobite sont un prétexte suffisant pour défendre nos assemblées ou pour ne pas les protéger contre des assassins, il nous restera un dernier acte à faire, celui de notre dissolution, et je vous demanderai de m’admettre comme coopérateur à la rédaction. Il importe véritablement à la paix publique, que tous les jeux cruels de l’intrigue et de la scélératesse soient authentiquement dévoilés, et que l’on sache à quelles conditions il est permis maintenant à un citoyen françois de vivre en sûreté dans le lieu de son domicile. Cependant, messieurs, si le destin de la France permettoit, avant notre réunion, la dissolution de tous ces clubs fanatiques et factieux qui la désolent, j’espère bien que vous penserez, comme moi, que nous ne devons pas en laisser subsister la trace dans notre Société, qui ne me paroît utile que pour constater qu’il reste des hommes qui ne veulent connoître d’autres maîtres que les loix.

« J’ai l’honneur d’être, avec un respectueux attachement, « Messieurs,

« Votre très humble et très obéissant serviteur, « Malouet (1). »

La réponse à cette lettre ne calma pas, non plus, les esprits surexcités.

(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, du samedi 9 avril 1791, u" 17, t. H, p. 1 à b.