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CLUB MONARCHIQUE

dernière fois, la justice qu’il est de votre devoir de rendre à tous les citoyens.

« Une simple exposition des faits doit précéder les réflexions que nous avons à vous présenter.

« Veuillez vous souvenir, en nous lisant, que nous sommes des citoyens, et que nous sommes persécutés, que vous êtes des magistrats, et que la France est libre.

« Nous nous sommes formés en société en vertu de la loi ; nous vous avons fait connoitre notre existence par une déclaration du mois de novembre 1790.

« Nous avons tenu quelques assemblées sans éprouver aucun trouble : dans l’une d’elles, nous arrêtâmes de faire aux pauvres de la capitale une distribution de pain. Dans la même séance, nous annonçâmes le projet de dénoncer aux dépositaires de l’autorité, et de poursuivre devant les tribunaux, les auteurs des libelles infâmes qui, outrageant l’Assemblée nationale et le roi, conseilloient au peuple de désobéir et d’abolir la royauté.

« La première de ces résolutions servit de prétexte à la haine que la seconde avoit suscitée contre nous ; la cabale coupable qui exerce, au nom de la liberté, la plus odieuse tyrannie, le Club des Jacobins agit sur les sections et fit dénoncer le mode de distribution que nous avions adopté. Il ne négligea pas des moyens qui lui sont encore plus familiers que les dénonciations légales ; on nous menaça du peuple ; on effraya le propriétaire du Panthéon dont nous avions loué la salle. La séance étoit indiquée pour le 29 décembre (1790), à cinq heures du soir. Ce fut à peu près vers les deux heures du même jour, que l’un de nous reçut un arrêté municipal qui nous défendoit de la tenir. Vous savez l’empressement que mit le directoire à communiquer vos ordres à la Société ; vous vous rappelez aussi que la Société obéit à votre ordre, quoiqu’elle eût pu lui résister, personne n’ayant le droit d’interdire ce que la loi ne défend pas, et, à plus forte raison, ce que la loi autorise expressément.

« Quoiqu’il en soit, et malgré la rigueur du principe, nous étions accusés et nous voulûmes nous justifier. On ne pouvoit attaquer que le mode de distribution de pain : après avoir victorieusement prouvé qu’il n’étoit susceptible d’aucune inculpation, et qu’employé dans plusieurs circonstances antérieures, il avoit obtenu de justes éloges, nous vous déclarâmes que nous consentions à l’abandonner, et nous vous demandâmes une justice éclatante des calomnies dont nous étions environnés.

« Votre arrêté du 8 janvier (1791) nous permit de reprendre nos