Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/266

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par vingt-cinq ou trente personnes, à la porte de la salle ; il en a reconnu quatre ou cinq, vêtus de l’uniforme national, ayant à la main leur sabre dans le fourreau ; sa montre lui a été volée ; il a été frappé par derrière de coups de sabre sur la tête, de coups de poing et de bâton par la populace ; il a fui et a été poursuivi à coups de pierres, dont une Ta grièvement blessé à la tête ; il est tombé deux fois sous les coups. Il a un os cassé dans la main droite ; une patrouille lui a sauvé la vie, en le conduisant chez le commissaire de police. Nous vous demandons qu’il soit informé contre les assassins du sieur Pigrais ; que l’on fasse entendre des témoins, et notamment le sieur Delafontaine, cité par M. Pigrais pour l’avoir généreusement secouru sans le connoître.

« Le sieur Daricourt (1), qui n’est arrivé qu’à neuf heures du soir, tems où le tumulte étoit passé, a été arrêté en entrant dans la maison par un grenadier jeune, de la taille d’environ cinq pieds sept pouces, armé seulement d’un sabre, lequel lui a demandé son billet d’entrée. Ce même grenadier lui a demandé sa demeure et puis une canne à sabre qu’il avoit (2). Ayant remis cette canne, le même grenadier voulut en casser la lame, et en fut empêché par d’autres, qui lui dirent qu’il falloit conserver ’précieusement cette preuve. « Le sieur Daricourt observa que ces cannes étoient permises ; on lui répondit que non. Le même grenadier lui dit que s’il remetloil jamais le pied dans le Club monarchique, et surtout avec une pareille canne, il la lui passeroit au travers du corps et seroit son premier boucher.

« Plusieurs personnes ont insulté le sieur Daricourt ; après une longue délibération entre eux, deux volontaires et un chasseur l’ont conduit au district de Saint-Lazare. Ces trois hommes n’avoient pas de fusil et n’étoient pas conduits par un sous-officier de service. Arrivé au corps-de-garde de Saint-Lazare, il a essuyé de nouvelles railleries ; on l’a exhorté d’entrer au Club des Jacobins ; présenté au commissaire de la section, ses conducteurs l’ont accusé d’être du Club monarchique. L’officier civil l’a fait mettre en liberté, a ordonné qu’on lui remît sa canne, qui ne lui a pas été rendue. « Nous vous dénonçons la conduite illégale et coupable du grenadier, qui a insulté et menacé le sieur Daricourt ; son arrestation irré- [1]

  1. (1) Ce nom ne figure pas sur les listes citées plus haut. (2) « Notre premier projet ayant été de nous rassembler le vendredi précédent, on avoit joint aux lettres l’indication de ne point porter d’armes, pour se conformer à la proclamation de la municipalité. Cette proclamation ayant été retirée, l’invitation ne fut pas mise aux billets du lundi. » fNote des commissaires.)