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INTRODUCTION

sion des actes d’un gouvernement. Tout en paraissant prendre des mesures d’une égale sévérité contre les ennemis de la République, les Directeurs et les Consuls visaient plus directement les hommes fidèles aux principes révolutionnaires que les partisans du militarisme à outrance. Lorsqu’on examine à fond la manière dont les lois furent appliquées, on peut se convaincre aisément que les chefs des pouvoirs directorial et consulaire montrèrent beaucoup de tolérance à l’égard des contre-révolutionnaires, en frappant fort sur les derniers démocrates.

Il convient d’appuyer sur ce point, de montrer aussi que les royalistes, amis du trône et de l’autel, profitèrent amplement de la position. Ils espéraient trouver dans le Premier Consul un Monck français, et, loin de lui faire une opposition déclarée, une opposition de journaux et de clubs, ce que, d’ailleurs, il n’aurait pas souffert, ces habiles prodiguèrent les louanges au restaurateur de la religion, mais ne l’épargnèrent pas dans la plupart de leurs salons.

A peine rouvertes, les sacristies devinrent des foyers latents de royalisme. A peine rentrés, les nobles émigrés transformèrent leurs hôtels en lieux de pohtique secrète, où ils se réjouissaient des luttes parfois heureuses de la Vendée, des succès de l’étranger. Leur objectif étant la restauration du roi légitime, rien ne les arrêtait pour y contribuer ; il n’y avait pas eu de solution de continuité dans leurs intrigues à l’intérieur et à l’extérieur.

Le Consulat forme la quatrième période de la contre-révolution.

A défaut de clubs, de journaux opposants, il y eut des salons anticonsulaires, des conciliabules secrets. Une réunion de muscadins (I) royaHstes fut un foyer de conspiration. On l’appelait « le sénat de Pilnitz. »

Contre Bonaparte, travaillant pour lui-même et se targuant de républicanisme en persécutant les républicains, contre le Premier Consul qui n’avait pas accepté le rôle de Monck, l’opposition ne ménagea rien, répondit à la force par la ruse, jusqu’à l’époque impériale, pendant laquelle une partie de la noblesse et du clergé se contenta de bouder. En outre, des salons libéraux, ne succédant aux salons de M) Voir, plus bas, Cluh de Clichy.