Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
344

En juillet 1791, Feydel écrivait que sur deux mille quatre cents membres dont était composé le Club des Amis de la Constitution, dix-huit à dix-neuf cents s’étaient retirés des Jacobins, dont un tiers aux Feuillants, et que les six cents restés aux Jacobins s’épuraient. Dans quel sens s’épuraient-ils ? Dans le sens avancé, sans équivoque, en marchant dans la voie révolutionnaire, en ne voulant pas de compromis avec le roi et la cour, en ne soutenant pas, quand même, tel ou tel ministère.

En août-septembre, cinquante-six députés seulement persévérèrent dans le feuillantisme, qui ne cessait pas de lutter contre les avancés. Il était représenté encore par Lameth, Barnave, Duport et quelques autres hommes de valeur.

Dans les premiers mois de l’Assemblée législative (octobre, novembre, décembre), les Feuillants attaquèrent, dans l’Assemblée, les pétitions plus ou moins révolutionnaires présentées collectivement. Leurs vœux furent en partie réalisés. Leur influence ne disparaissait pas. Elle tenait pourtant à peu de chose, car la composition de l’Assemblée législative ne ressemblait pas à sa devancière, dont les membres s’étaient déclarés inéligibles.

VIII

Le Club des Feuillants qui, jusqu’alors, avait agi dans la pénombre, s’assembla au grand jour. Carra et d’autres journalistes annoncèrent ce changement d’allures. Les Annales ’patriotiques en prirent acte ; elles imprimèrent :

« Les Feuillants ont été enfin forcés de se soumettre au vohi du peuple : leurs séances seront publiques et leurs intentions seront connues. Ils ont inspiré de la méfiance, parce qu’on les croit beaucoup plus amis de la cour et des ci-devant grands, que de la déclaration des droits et de l’égalité, bases de la Constitution. Si leurs opinions et leur conduite surtout viennent à démentir ces justes soupçons, tant mieux ; les patriotes se réjouiront d’avoir trouvé des frères là où ils craignaient de trouver l’intrigue et les chefs d’une fraction accusée de vouloir ressusciter la noblesse, et de profiter de la guerre pour établir, par une médiation armée, une seconde chambre législative, une chambre de nobles, un sénat à la Mounier (1). »

(1) Annales patriotiques de Carra, du 15 décembre 1791.