Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/368

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Le journal de Prudhomme, dans le même temps, prétend qu’un nommé Dijon, lieutenant des canonniers du bataillon des Filles-Saint-Thomas, « poussa l’insolence jusqu’à provoquer, de son sabre, les citoyens spectateurs, qui, plus sages que ceux qu’ils honoroient de leur présence, ne répondirent à ses bravades que par le plus profond mépris (1). »

Les Feuillants se conduisaient en maîtres, malgré leur impopularité, et leurs adversaires, les uns, monarchistes purs, les autres, futurs républicains^ devaient bien s’en apercevoir. L’Assemblée avait raison de décider qu’aucune Société particulière ne serait établie dans l’enceinte des bâtiments des ci-devant Feuillants et Capucins. Qu’allait faire le Club modéré ?

«... Nous autres Feuillans, sans pouvoir être contens de la maison qu’on nous a bâtie (2), nous voudrions trouver le moyen de nous y arranger tant bien que mal, plutôt que de rester encore longtemps en plein air, exposés à toutes les injures de la saison, c’est-à-dire sans aucune autorité vraiment tutélaire, en butte à tous les désordres de l’anarchie, à toutes les violences de l’esprit factieux, à toutes les entreprises des fous et des brigands (3). » Les Feuillants revendiquaient le droit de se réunir ailleurs que dans l’ancien couvent, dépendance de l’Assemblée législative. Personne ne le leur refusait ; seulement, la tranquillité publique pouvait être de plus en plus troublée par eux, et l’on craignait des scènes semblables à celles qu’avait occasionnées le Club monarchique. Ils étaient certainement plus redoutables, aux yeux des députés, que les amis de Clermont-Tonnerre, parce qu’ils s’entendaient davantage avec les hommes du gouvernement, avec le pouvoir exécutif, et qu’ils étaient en passe de prendre le pouvoir dans l’occasion. Des journaux très répandus ne cessaient d’exalter leurs mérites. En février 1792 (n" du 22), la Gazette universelle imprimait que si les Feuillants « méritaient quelque reproche, c’était de ne pas montrer assez d’énergie. »

(1) Révolutions de Paris, n° 129, du 24 au 31 décembre 1791. Dijon figure parmi les Feuillants, sur la seconde liste. (Voir plus haut, p. 303.) (2) Allusion à la Constitution.

(3) Entretien d’un Feuillant et d’un Jacobin, Paris, 1792. (Bib. Nat., Lb 39/3710.)