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CLUB DES FEUILLANTS 363

jour, il n'y avait entre la Société des Feuillants et celle des Jacobins qu'un projet de « réunion individuelle » et non une incorporation entière de la Société feuillantine avec celle « des Vrais et Bons Amis de la Constitution ».

Dans la séance du 6 mai 1792, aux Jacobins, l'abbé Danjou, accusé par Robespierre d'avoir passé un des premiers aux Feuillants, déclara : « Je ne suis pas Feuillant ; je n'ai jamais été aux Feuillants et je n'irai jamais aux Feuillants : je serai toujours Jacobin et rien que Jacobin. » Néanmoins, il fut censuré[1], malgré sa notoriété comme révolutionnaire.

Les Jacobins mettaient presque sur la même ligne les Feuillants, les Girondins et les aristocrates.

En mai 1792, la fête décernée à Simoneau, maire d'Étampes, fut fastueusement célébrée par les Feuillants, les Brissotins et les Girondins. Le peuple ne participa point à la pompe officielle. La fête, dont les dépenses étaient payées par une souscription individuelle et volontaire, et qu'on intitula : Fête de la Loi répondait à celle de la Liberté, en l'honneur des Suisses de Châteauvieux, que le feuillant Dupont de Nemours qualifiait de Fête des assassins. Feuillants et Girondins s'entendirent bientôt pour faire décréter d'accusation Marat.

On cria en mai dans les rues : « Complot infernal des Feuillants découvert, et innocence reconnue des Jacobins[2]. »

Il fut question des Feuillants dans la séance du 17 juin 1792, à l'Assemblée législative. « Le Bureau de police de la Municipalité de Paris adressa à l'Assemblée des déclarations de plusieurs citoyens qui affirmaient avoir reçu des offres d'argent pour aller applaudir dans les tribunes les membres du parti Feuillant. — Cette lettre annonçait qu'un officier public était compromis dans ces déclarations. » L'Assemblée en ordonna le renvoi au Comité de surveillance. Les Feuillants se voyaient donc accuser non seulement de propagande, mais encore d'embauchage, pour arriver à leurs fins, pour parvenir à la conquête du pouvoir.

Le Patriote français parlait d'une réunion des Feuillants au Club de 1789[3], où ils avaient signé « une belle pétition, rédigée par le célèbre M. Pitra ; ils y adhéraient à la lettre du département de Paris

  1. Prêtre et instituteur, Jean-Pierre-André Danjou a été membre de la Comnmne révolutionnaire du 10 août, commissaire du Conseil exécutif.
  2. Ed. Lockroy, Journal d'un Bourgeois pendant la Révolution, in-12, Paris, 1881, p. 97. Lettre du 19 mai 1792.
  3. Voir plus bas, Société de 1789.