Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/385

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tranquillité du quartier, troublé depuis plusieurs jours, quelques moments de plaisir, et à suspendre leur Société pour quelque tems. « Mais l’assemblée persista : le district n’en continua pas moins sa protection, et la Garde nationale, ferme dans ses devoirs, s’interposa toujours entre le peuple et les membres du Club, pour conserver à ceux-ci la liberté d’entrer et de sortir à volonté, « Si la puissance publique doit protection aux individus, elle doit aussi tranquillité, sûreté, repos à la ville. Le district prit un arrêté pour témoigner à ces messieurs son intention, comme corps de police, de les voir dissoudre, ou du moins suspendre leur rendez-vous. « Députation de ceux-ci à M. le maire et à l’administration. Ils se plaignent que la liberté n’est point respectée, invoquent le décret de l’Assemblée nationale, et continuent de s’assembler. On leur continue secours et protection.

« Cependant, l’administration de la police, pressée entre le respect illimité de la loi et la volonté bruyante d’une partie du peuple, ne balance point à consacrer les principes, et fait afficher, le vendredi soir, une proclamation où elle dit formellement « que la violation de la liberté naturelle des citoyens est un attentat qu’aucune circonstance ne peut commander, qu’une opinion défavorable, ou fausse ou fondée, ne peut donner lieu de déroger aux principes sur lesquels reposent les droits de la Société entière et des individus ; que priver sans autre motif qu’un préjugé, un homme ou une société d’hommes, d’une faculté que la loi accorde à tous, serait un acte de tyrannie ; que la puissance publique ne pourrait se le permettre sans crime ; qu’elle ne doit pas davantage souffrir que ce despotisme soit exercé par les citoyens dont les inquiétudes ne peuvent motiver une prohibition.

« En conséquence, déclare que la Société, existant depuis plusieurs mois sous le nom de Salon français^ et qui tient ses assemblées dans la rue Royale, butte de Saint-Roch, n" 29, n’est point contraire aux lois, et qu’ainsi elle est sous leur protection. « Que tous ceux qui se rassembleront pour troubler, insulter, ou maltraiter quelques-uns de ses membres, ou violer la maison qu’elle occupe, feraient un acte criminel et punissable comme tel. « Néanmoins, l’attroupement augmente. Le peuple se plaint des menaces qu’on lui fait ; on saisit des armes entre les mains des membres qui allaient à l’assemblée ; M. l’aide-major-général porte à l’hôtel de la mairie les pistolets dont il s’est emparé, et un soldat de la Garde nationale est menacé, un pistolet sur la poitrine, d’être assassiné par un membre qu’il sauvait dans ses bras des insultes du peuple.