Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/388

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En efFet, le club n’abandonnait pas la partie. Loin de là, en cessant d’alarmer le major-général de la Garde nationale parce qu’il changea de local, il travailla plus que jamais contre la Révolution. II

Il eut, d’ailleurs, un but déterminé : il trempa dans les intrigues organisées pour favoriser l’évasion de Louis XVI. En i 790, le Salon français, régulièrement constitué selon les formes du temps, avait pour principale préoccupation de sauver la famille royale. « Une société de zélés royalistes du haut rang, dit l’abbé Guillon, formée à Paris sous le titre de Salon français, possédait trois hommes capables de concevoir un bon projet pour remplir les intentions du Roi. Ces hommes étaient : M. le chevalier des Pommelles, M. de Jarjayes et M. le marquis de Chaponay, d’une des plus anciennes et des plus respectables familles du Lyonnais. Le premier d’entre eux rédigea le plan, après l’avoir concerté avec les deux autres, et ce plan fut porté, vers la fin de juillet 1790, par M. le marquis de Laqueille et M. de Sabran, évêque de Laon, à Madame Elisabeth, qui le goûta fort et le remit au Roi (1). » Le témoignage de l’abbé Guillon a d’autaut plus de valeur que ce prêtre était aumônier, lecteur et bibliothécaire de la princesse de Lamballe.

Dans le plan d’évasion du roi, conçu en 1790 par la Société du Salon français, une partie de chasse devait être organisée à Fontainebleau. Louis XVI, sous ce prétexte, courait à Avallon, où l’attendaient des Pommelles, de Jarjaye et de Chapponay, qui devaient l’escorter jusqu’à Lyon.

Les membres du club correspondaient avec l’émigration, principalement avec le comte d’Artois.

« Sous l’influence des émigrés qui lui arrivaient en foule (à Turin), le comte d’Artois prenait son point d’appui, non aux Tuileries, mais dans un club contre-révolutionnaire de Paris, le Salon français (2). » (1) Mémoires de Vabbé Guillon, édition de 1824, p. 67. — On sait que Tabbo Guillon (Marie-Nicolas-Sylvestre), né à Paris en 1760, mort en 1847, fut en vain promu, par Louis-Philippe I", aux évêchés de Cambrai et de Beauvais ; il avait encouru la censure de l’archevêque de Paris, pour avoir, malgré les règles canoniques, administré l’abbé Grégoire mourant.

(2) Correspojidance intime du comte de Vaudreuil et du comte d’Artois, t. 1, Introduction, p. 36. (In-S", Paris, 1889.)