Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/389

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Voilà ce qui établissait l’importance d’une Société qui ne fut qu’un essai de club, mais qui agit beaucoup pour Louis XVI. Vaudreuil écrivait, en juillet 1790, au comte d’Artois : « Je ne peux me refuser à penser que le Salon Français médite quelque chose en faveur de la liberté du Roi, d’où s’ensuivrait le rétablissement de la monarchie. Ils sont assez nombreux, assez puissants et assez fournis d’argent pour pouvoir opérer utilement, s’ils ont une bonne direction et de l’ensemble (1). » Cette manière de voir, ce vœu de Vaudreuil devaient être partagés par le Comité autrichien. Marie-Antoinette voulait tout diriger, d’après ses conseillers favoris (2).

11 y eut, en 1790, un envoyé du Salon français au comte d’Artois. Une lettre de ce club annonçait le prochain départ du Roi, et indiquait que le roi et la reine voulaient faire jouer au comte un rôle secondaire.

Ce que le comte de Vaudreuil espérait, n’arriva pas. Il cessa bientôt d’avoir confiance dans le club.

« Au fait, écrit Vaudreuil le 7 août 1790, le Salon français est composé d’une grande quantité de jeunes gens, pleins de zèle et d’honneur, mais ardents, mais sans chefs, sans direction (3). » Vaudreuil écrivait encore au comte d’Artois qu’il fallait se défier des informations que ce club transmettait sur la Reine, « que le club était composé de beaucoup de jeunes gens sans expérience, sans prudence, et que dans le nombre il devait y avoir nécessairement plus d’un faux frère ; que ce n’est pas à lui qu’il appartient de vous diriger, mais que c’est à vous à le conduire, à le contenir (4). » « Le Salon français prend trop vivement à l’espoir ou au découragement. »

Louis XVI, assurait-on, fit dire au Salon français « qu’il se livrait à lui et comptait sur lui. » Ce qui montre, une fois de plus, l’indécision qui paralysait les agissements de la Cour : à tout instant, les gens les plus dévoués au roi se divisaient. Aucune des tentatives taites pour l’évasion de Louis XVI ne réussit, sans que l’ardeur des membres du Salon français se démentit, où qu’il tint ses réunions. Toutefois, après la fuite de Varennes, et quand la suspension du (1) Correspondance intime du cotnte de Vaudreuil et du comte d’Artois, t. I, p. 229.

(2) Voir plus bas, Comité autrichien.

(.’<) Vaudreuil, Correspondance, etc., t. 1, p. 261. (4) Vauilrouil, Correspondance, etc., t. I, p. 263,