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SOCIÉTÉ DE 1789

la polémique lui serait dévouée, et qui publierait, çà et là, des articles approuvés par elle, et dus à des écrivains non appartenant à son groupe enrégimenté.

Le club eut un Journal de la Société de 1789 (par Condorcet, Dupont de Nemours, Kersaint, de Larochefoucauld, Roucher, Pastoret, Grouvelle, André de Chénier et autres, qui parut du 5 juin au 13 septembre 1790). Vers la fin de juin de la même année, Sieyès fut l'objet d'une sorte d'ovation populaire au Palais-Royal : plusieurs députés y célébraient le jour où ils s'étaient constitués en Assemblée nationale.

Le journal changea de titre et prit celui de : Mémoires de la Société de 1789, à dater du 21 août 1790, n° 12.

Railly présidait le club en mai 1790, La Rochefoucauld en juin, Mirabeau en juillet.

Le Journal de la Société de 1789 contient, à la date de juillet 1790, un discours de Mirabeau.

Ce discours se termine ainsi : " Nous faisons, en effet, profession de croire que le vrai courage enseigne la modération loin de l'exclure, qu'au lieu d'adopter ceux qui voulaient la paix publique par des exagérations incendiaires, les Amis de la Constitution doivent les regarder comme les plus redoutables ennemis, parce qu'ils la défigurent, la retardent et même la décrient ; que si l'audace et même l'impétuosité sont utiles pour conquérir une révolution, la mesure seule peut la consolider, et qu'enfin les conceptions sont encore plus nécessaires que les mouvements à l'établissement de la liberté publique[1]".

Le 13 août de la même année, Gouget-Deslandres prononça, à la Société de 1789, un discours sur les finances, le crédit des assignats, la circulation de l'argent et la baisse de l'intérêt de l'argent[2].

Dans le n° 13 du Journal de la Société de 1789 (août 1790) parut l'Avis aux François sur leurs véritables ennemis, par André de Chénier. L'Avis fit sensation, et le public s'imagina, avec quelque raison, que c'était le factum de la Société. Il fut réimprimé en brochure, et, répandu à profusion, il obtint un immense succès. Le roi Stanislas-Auguste de Pologne ordonna de le traduire en polonais, et André de Chénier reçut de ce souverain une médaille d'or. André de Chénier s'était réuni à la Société de 1789, sans en faire activement partie. Il habitait, avec son père, au quartier Montmartre.

  1. N° 53, du 10-au 17 juillet 1790.
  2. In-8°, Paris, 1790, 40 pages.