Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/497

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à dénoncer à l’accusateur public près le département de la Seine, les auteurs, imprimeurs et colporteurs de l’écrit intitulé : Pendez les Jacobins.

C’était un incroyable débordement de brochures contre-révolutionnaires, attaquant à la fois les robespierristes, les dantonistes, les républicains de toute sorte, même des thermidoriens avérés. Alphonse Martainville publia, en 1793, une brochure intitulée : Nous mourons de faim, le peuple est las, il faut que ça finisse (1). Il fut dans les premiers rangs de la jeunesse dorée de Fréron. Son vaudeville, le Concert de la rue Feydeau, joué en 1795, attaqua très vivement le parti jacobin. Cet ultra-royaliste ne changea pas d’opinion jusqu’à sa mort.

La même année, le patriote Palloy envoyait aux représentants du peuple une médaille commémorative de la chute de Robespierre (2), et commençait ses palinodies nombreuses.

Les royalistes mutilaient, pendant la nuit, des arbres de la liberté, ou ils les sciaient, ou ils les arrosaient de vitriol. Çà et là, ils faisaient disparaître les emblèmes de la Révolution, en comptant sur l’impunité. Le trouble général des esprits les enhardissait. A Paris, plus encore que dans les départements, la réaction levait hautement la tête. Le parc de Tivoli servait de lieu de rendez-vous. Le quartier général de la Jeunesse dorée était la section Le Peletier, anciennement des Filles Saint-Thomas. La Seclion de la Ruttedes-Moulins était notoirement royaliste (3). Les muscadins eurent pour organe VOrateurdu Peuple, de Fréron, D’où un de leurs noms, les fréronistes. C’étaient encore les petits sucrés, les fier s-à- bras de Fréron, les hommes dorés. La section Le Peletier, en vendémiaire an IV (septembre 1795), envoyait dans nombre de villes des émissaires, annonçant que dans huit jours les habitants de Paris devaient arrêter les membres de la Convention, former un gouvernement provisoire, et appeler un roi. On lit dans les Souvenirs de Mathieu Dumas., à l’époque du Directoire, après vendémiaire :

« Nous formâmes une réunion de douze individus, dans laquelle se trouvaient les principaux membres de la minorité du conseil (1) Bib. Xat., Lb 41/1235, s. l. n. d., in-8° de 8 p. — Alphouse-Louis-Dieudonnc Martainville, né à Cadix en 1776, de parents français, mort à Sablonville, près Paris, le 27 août 1830.

(2) Lettre d’envoi, Bib, Nat., Histoire de France, supp., chap. 111, n" 4494, (3) Au 13 vendémiaire, on y arracha la cocarde nationale.