Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/503

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Cependant, le Club de Clichy dégénéra bientôt en assemblée insignifiante, après avoir été une puissance, avoir même entretenu des intelligences presque avouées avec le parti royaliste. Les Clichyens avaient en vain fait des avances à Lazare Carnot, qui disait : « Je vois des royalistes derrière la toile ; je ne veux pas être pendu. » Mais, en dehors du club, les plus hardis de ses membres continuaient à saper l’autorité dictatoriale. Camille Jordan, par exemple, Lafond-Ladebat, Royer-Collard (1), et quelques autres, se distinguaient, soit dans les Conseils, soit dans des réunions particulières, en traitant des questions qui touchaient à la religion et aux émigrés, en marchant d’accord avec les contre-révolutionnaires. ^De tous côtés, des caricatures, des pamphlets, des articles de journaux ridiculisaient le gouvernement qui portait le titre de gouvernement républicain, et qui avait succédé à celui de la Convention, après la réaction thermidorienne. La Jeunesse de Fréron mettait à la mode les écrits et les estampes contre-révolutionnaires. En 1796, les ennemis du Directoire le criblaient de calembours. Ils affirmaient :

« Que le Luxembourg devait avoir pour enseigne : Magasin de sires à frotter ; qu’il n’avait garcLé de son magnifique jardin qu’une platebande ; qu’on ne pouvait continuer la guerre avec cinq cartouches ; « Que si on manquait de munitions, on trouverait toujours cinq cartouches au gouvernement ;

« Que si la France n’avait plus saint Louis, elle avait toujours cinq fiacres (nom donné aux cochers) ;

« Que le Corps législatif était une réunion de cinq cents bûches qu’on ne livrait quà la corde pour un louis (Louis XVIII), « Le Directoire, selon V Alphabet du jour, en 1799, était A I (haï) ; les Cinq cents étaient K G (cassés) ; le premier consul était M E (aimé) ; les conspirations étaien’ C G (cessées) ; nos soldats étaient des RO (héros) ; le pouvoir était C D (cédé) ; le peuple était E B T (hébété), M etc.

En novembre 1796, on lisait dans le Journal de Paris : « .,. On dit que le Vaudeville est le rendez-vous des cadenettes, c’est-à-dire des contre-révolutionnaires... (2). » Le foyer du Théâtre Montansier, très suivi sous le Directoire, était (i) Royer-Collard, exclu des Cinq-Cents au 18 thermidor, se lia avec les membres d’un conseil secret que Louis XVIll entretenait à Paris. (2) Journal de Paris, numéro du 20 novembre 1796.