Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/505

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(Boutin}, rue de Glichy. Dans cette réunion, quelques membres du nouveau tiers essayèrent de former un parti royaliste : ils croyaient pouvoir exciter des troubles sérieux dont ils auraient profité pour opérer une contre-révolution et rappeler la maison de Bourbon. Ils cachaient assez mal leurs desseins sous un langage constitutionnel, et travaillaient à exaspérer Igs esprits contre le Directoire. Mes amis et moi, nous nous rendions assidûment à ces réunions, et nous nous appliquions à tempérer TefTervescence qui allait toujours croissant. Ce petit nombre de royalistes n’avait en réalité aucun moyen d’action : leurs déclamations ne faisaient qu’irriter le Directoire, et lui fournir des prétextes pour recourir à des mesures de salut public, c’est-à-dire à la force brutale, en s’appuyant sur l’armée. Malheureusement, nos conseils étaient froidement accueillis par des esprits trop ardents, qui, moins éclairés que nous sur les dangers de la situation, ne se méfiaient pas assez du piège qui leur était tendu. Notre prudence était taxée de timidité (l). »

Dumolard annonça au Club de Clichy qu’il dénoncerait le général de l’armée d’Italie et le Directoire exécutif, qui voulaient tirer vengeance des Pâques véronaises. On ne put le détourner de ce dessein. Il s’y obstina, et lit sa motion au Conseil des Cinq-Cents. Peu de ses collègues acceptèrent la responsabilité de cette motion ; les autres considéraient peut-être que, naguère, député à l’Assemblée législative, Dumolard avait constamment voté avec les partisans de la royauté.

Quoi qu’il en soit, Dumolard proposa aux Cinq-Cents de demander des renseignements au Directoire sur Bonaparte et ses actes envers Gênes et Venise.

Bonaparte offrit sa démission. Il joignit à sa lettre un stylet et se déclara décidé à vivre tranquille, « si toutefois, disait-il, les poignards de Clichy voulaient bien le laisser vivre. » Selon lui, le discours de Dumolard était un « manifeste soldé par l’Angleterre. » « Cette dénomination de poignards de Clichy faisait allusion à une réunion, composée en grande partie de députés opposants, qui tenait SCS séances à Clichy, et dans laquelle Dumolard, si étrangement travesti en Catilina, avait annoncé son intention d’interpeller le Directoire. De là à poignarder le général Bonaparte il y avait encore du chemin... »

(1) Souvenirs de Mallneu Dumas, t. III, p. 87 et