Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/540

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Dans une lettre datée du 3 décembre 1790, Louis XVI demanda au roi de Prusse de former un congrès, appuyé d’une force armée. Il espérait, écrivait-il, que ce souverain « lui garderait le secret le plus absolu sur la démarche qu’il faisait près de lui (1). » Dès le mois de mai 1791, Louis XVI s’entendait secrètement avec l’Autriche contre la nation française, par l’entremise du comte de Durfort (2) (conférence de Mantoue).

En juillet de la même année, le comte de Provence, émigrant, avait, en qualité de régent, les pouvoirs du roi pour traiter avec l’étranger.

Puis Augeard, acquitté sur le chef de complot tendant à l’évasion de Louis XVI, alla à Francfort trouver Léopold (3), de la part de la reine, pour demander son intervention, 11 s’agissait d’ailleurs de faire fuir Louis XVI à Metz et à Montmédy. Augeard rédigea lui-même le manifeste des princes, daté de Bruxelles, protestant contre la Constitution.

Outre l’intervention de l’empereur d’Autriciie, le Comitr autrichien songeait à obtenir aussi celle de la cour de Berlin. Marie-Antoinette avait de sinistres pressentiments et ne voyait de salut que dans la contre-révolution opérée par la noblesse française et les rois de l’Europe.

L’auteur des Réflexions sur la rëvoluiion de France, livre lu dans toutes les cours de l’Europe, l’anglais Edmond Burke, correspondait avec Marie-Antoinette. Il conseillait au roi et à la reine de ne pas accepter la Constitution ; il pressait l’Autrichienne de défendre la cause de tous les souverains enveloppée dans la sienne ; il lui écrivait : « La fermeté seule vous sauvera. »

Louis XVI devait s’enfuir et aller rejoindre Bouille qui l’attendait avec son régiment Roi/al-Allemand. Ce fut l’ambassadeur russe qui délivt’a un passeport à Marie-Antoinette au nom de la baronne de Korff. Le passeport était signé par le roi et contre-signe par Montmorin. Donc Louis XVI ne fut pas enlevé ; il s’enfuit de bon vouloir à l’étranger, par suite des trames ourdies dans son entourage. L’arrestation du roi à Varennes ne changea rien aux menées du Comité autrichien et à ses correspondances avec l’étranger. (1) Lettre trouvée dans les archives de la chancellerie de Berlin. (2) Etienne, comte de Durfort, lieutenant-général, attaché à la cour depuis su jeunesse, devint aide-de-camp du comte d’Artois. (3) On sait que Léopold II, favorable à Louis XVI, voulait empêcher la Constituante de toucher à la prérogative royale en France.