Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/547

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Ribbes, député de la droite, dénonce d’Orléans, Dumouriez, Bonne-Carrèr ^, comme les vrais membres du ComiU autrichien. Verron veut qu on déclare que l’opinion de Ribbes est le résultat d’une imagination en délire.

Assurément, c’était aller trop loin dans les dénonciations. Malgré leur invraisemblance, elles se comprenaient pourtant, dans le désarroi où se trouvèrent les esprits au moment où la royauté se mourait, où la guerre menaçait d’accabler le pays, déjà trahi çà et là par ceux qui auraient dû le défendre.

Quand La Fayette, sortant de l’Assemblée législative, où il parut le 28 juin 1792, après la journée d’insurrection, alla aux Tuileries, le roi le reçut froidement. Quand il se retira, madame Elisabeth s’écria :

« Il faut oublier le passé, et nous jeter avec contiance dans les bras du seul homme qui puisse sauver le roi et sa famille. » Marie-Antoinette répondit :

« Mieux vaut périr que d’être sauvé par La Fayette et les constitutionnels (1). » Son avis prévalut.

Antérieurement, lorsque Servan, ministre de la guerre, proposa à l’Assemblée d’établir un camp de vingt mille hommes sous Paris, camp formé avec cinq gardes nationaux de chaque canton de la France, les Feuillants et Robespierre combattirent le projet de Servan. Alors Brissot et les journaux girondins accusèrent Robespierre d’être d’accord avec le Comité’ autrichien (2). Les dénonciations allèrent leur train, pendant que les comités examinaient celle qu’avaient formulée Brissot et Gensonné. En juillet 1792, Joseph Chénier communiqua aux Jacobins une lettre à lui adressée de Metz, en date du 26 de ce mois. On y lisait : « Le maréchal-de-camp Berthier (3) a été à Paris prendre langue avec le Comité autrichien ; on l’appelle ici respioii de la reine {). » En 1792, le Journal de Paris publia en Variétés des articles sur le Comité autrichien et sur ses dénonciateurs. Leurs auteurs en nièrent l’existence ; « ce nom, écrivaient-ils, répété par tant d’imbéciles ou de fous, n’a pu être inventé que par un homme d’esprit... » Ils réfu- [1]

  1. (1) Mémoires de La Fayette, t. 111, p. 33G ; Mémoires de madame Campan. t. Il, p. 222. (2) Dans les premiers jom-s de juin 1792. (3) Depuis maréchal d’Empire, prince de Neufchcltel, connétable, enfin pair do France et commandant une compagnie des ofardes-du-corps de Louis XVIII. (4) Journal des Jacobins, n" 2.