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les rues de Paris, à la veille de la prise de la Bastille, soit à propos des journées des 5 et 6 octobre, qu’on l’accusa d’avoir provoquées, soit enfin quand l’Assemblée constituante déclara qu’il y avait lieu à accusation contre lui, après sa prétendue mission en Angleterre, exil volontaire que ses amis lui avaient conseillé, que La Fayette avait jugé nécessaire, car il considérait le duc comme un prétendant.

Un parti tout dévoué à la personne du duc d’Orléans, approuvant ses actes les plus inconséquents, essaya de faire durer la popularité de ce prince. Mirabeau, d’abord porté pour le duc, abandonnait cette cause, et se rapprochait du comte de Provence et de la Cour.

Le principal comité du parti d’Orléans était établi à Montrouge ; il donnait l’impulsion au mouvement du parti contre la Cour. Ce conciliabule, dans le principe, était composé de Mirabeau, de Sieyès, de Laclos, du comte de la Touche, et de quelques autres orléanistes. C’est là qu’on traçait au prince la conduite qu’il avait à tenir.

En juillet 1789, le comité lui conseillait de demander à Louis XVI la place de lieutenant-général du royaume. Le duc n’osa pas, demanda seulement, par l’intermédiaire du baron de Breteuil, la permission de passer en Angleterre, ce qui lui fut accordé sans difliculté[1]. La Fayette lui avait dit, dans le salon de madame de Coigny, qu’il lui fallait partir pour l’Angleterre, «parce qu’on abusait de son nom pour exciter le désordre.»

Depuis longtemps, déjà, il avait une sorte de cour qui fréquentait les appartements du Palais-Royal, dont madame de Genlis, éducatrice des enfants du duc, faisait l’ornement par ses talents agréables. Cette femme le poussait dans son opposition aux actes royaux, lui qui s’était signalé dans sa protestation faite, de concert avec les princes, contre les édits de Maupeou.

Dès 1776, le duc d’Orléans devint le chef du parti des princes contre le parti de la reine, quand Marie-Antoinette s’avisa de lui manquer d’égards et de s’attirer sa haine. En 1787, il avait autour de lui, dans des conciliabules nocturnes, les jeunes conseillers du Parlement ; d’où son exil à Villers-Cotterets. Il présidait la Loge des Neuf-Sœurs, située rue Dauphine.

Bien des pamphlets, bien des brochures attaquèrent le duc d’Orléans, en 1789, surtout après les journées des 5 et 6 octobre. Dans un d’eux, il est appelé le Prince Rouge-Gorge, Laclos est appelé Loscla, et Mirabeau Iramba.

  1. Beaulieu ; Révolution de France, t. 1. p. 345 et 346, in-8o, Paris, an IX-1801.