Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/560

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de recevoir ce livre qui vient de ma mère et où j’ai appris à prier Di(>u ; je le prie pour vous, il })énit vos vertus (1). «  A cette occasion encore, Marie-Antoinette lui adressa une lettre commençant par ces mots :

« Mon cher cœur, etc. », et une autre lettre, terminée ainsi : «... Adieu, ma chère Lamballe, je vous embrasse du meilleur de mon cœur comme je vous aimerai toulte [sic] ma vie (2). » Quand la reine fut enfermée au Temple, madame de Lamballe demanda à partager sa captivité.

Le 1" janvier 1793, un aflilié aux Jacobins annonça dans le club qu’on lui avait écrit que madame de Lamballe avait déposé avant sa mort une somme de 400,000 francs en numéraire. La lettre devait être portée au Comité de surveillance, pour qu’il prit les renseignements nécessaires (3).

Si nous descendons des habitations princières aux salons dorés de l’ancienne noblesse, nous voyons que ceux-ci exercèrent une influence immense, que rien n’y était négligé pour attirer et convertir, sinon corrompre, des hommes qui, séduits d’abord par les idées nouvelles, n’avaient pas une conviction assez forte, une énergie assez éclairée pour résister à de trompeuses amorces. Dans ces salons, datant d’avant la Révolution, se coudoyaient les élégants, les lettrés, les savants de l’ancien régime, avec les rudes novateurs.

C’est ainsi que, à l’approche de 1789, les aristocrates, les jeunes d’entre eux, surtout, portèrent un unifoi’me de ralliement : habit vert, collet rose, veste, culotte, souliers à boucles. Ils avaient quelquefois des boutons d’habits sur lesquels étaient gravés ces mots : Ventre libre ou mourir, par allusion à Vivre libre ou mourir. Ils adoptèrent des cocardes anti-patriotiques, — petits flocons formés d’un seul ruban rayé ; ils en eurent de mécaniques, habilement faites, qui, de tricolores dans les promenades de Paris, passaient blanches dans leurs cavalcades, aux environs de Ragatelle (4) ; ils curent des boutons contre-révolutionnaires, des bagues avec cette devise : Domine, salvum fac regem.

{l) Bibliothèque du comte de Lignerolles, vendue après sa mort à l’hôtel Drouot, en février 1894.

(2) Idem, Autographes.

(3) Société des Jacobins, séance du mardi. 1"" janvier 1793. (4) Voir plus haut, p. 247.