Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/566

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« Nous étions seuls, un jour, écrit Desmoulins, dans le salon de madame de Sillery ; le vieux Sillery avait frolté lui-même le parquet du salon, de peur que le pied ne glissât aux charmantes danseuses. Madame de Sillery venait de chanter sur la harpe des vers où elle invitait à l’inconstance... Quelle fut ma surprise, au moment où la gouvernante-magicienne opérait avec le plus de force sur mon imagination et où la porte était fermée aux profanes, de voir entrer... qui ? un aide-de-camp de La Fayette, venu là tout exprès, et qu’on fit asseoir auprès de moi pour me convaincre que La Fayette était redevenu l’ami de la maison !... » — « Il serait fort singulier que Philippe d’Orléans ne fût pas de la faction d’Orléans ! Mais la chose n’est pas impossible ; la faction cependant existe, et elle siège dans le côté droit avec les Girondins. « 

De littéraire et artistique qu’il était d’abord, le salon de madame de Sillery-Genlis devint politique, quand elle noua des relations avec Dumouriez, quand elle fit des voyages avec ce général. Il lui fallut émigrer.

Madame de Sillery-Genlis, belle-mère du général Valence, les ducs de Chartres et de Monlpensier, se trouvaient au quartier-général de Dumouriez un peu avant sa trahison. Si Dumouriez n’arborait pas ouvertement le drapeau orléaniste, on pouvait croire qu’en secret il pensait à une monarchie révolutionnaire.

L’exécution de Philippe-Égalité rendit madame de Genlis tout à fait réactionnaire. Elle erra dans plusieurs contrées de l’Europe, et, après le 18 brumaire, elle prodigua les louanges à Bonaparte. Sillery passait avec raison pour être agent du duc d’Orléans, dont il soutint les droits de succéder à la couronne. Sillery fut exécuté comme complice de Dumouriez (31 octobre 1793). En 1789, on se réunissait, généralement dans un but politique, et avec une attitude militante, chez Clavière, banquier à Paris, ami de Mirabeau, ennemi de Necker ; chez La Rochefoucauld, esprit libéral et éclairé, modéré, opposé aux violences ; chez La Fayette, qui, plus tard, devait réclamer la fermeture des clubs et devenir contrerévolutionnaire ; chez le financier Delessert, qui avait provoqué la création de la première Caisse d’escompte et fondé la première compagnie d’assurances contre l’incendie ; chez Mallet du Pan, qui avait rédigé avec Linguet les Annales politiques et littéraires^ et que l’on connaissait comme un adversaire décidé de la Révolution ; chez le