Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/576

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Aucun républicain, s’il ne suivait les maîtres du jour, n’était épargné par d’anciens collègues, et la réaction, avec le temps, alla, dans la société officielle ou ric^^e, jusqu’à nier les mérites des hommes qui avaient le mieux servi la France, de 1789 à 1794. Sous le Directoire, Carnot recevait dans une mansarde du palais du Luxembourg. Barras y affichait, au contraire, un grand luxe, et madame Tallien y trônait, lors des fêtes officielles, en compagnie des dames de l’ancienne France, de Châteauregnault, de Contades, de Nanteuil, de Chauvelin, de Noailles, de Beaumont, de Vassy, de Villette, de Listenay, de Fleurieu, de Vigny, de Grandmaison, de Puységur et autres. Le plaisir y amenait une sorte d’égalité. Des nobles s’apprêtaient à fusionner avec les sommités nouvelles ; d’autres continuaient de bouder, même de conspirer.

De nombreux cercles, opposés aux tendances du pouvoir, s’étaient formés — chez le marquis d’Antonelle, l’ex-montagnard ; — chez le duc de Fitz-James, madame de Lameth,la duchesse d’Aiguillon, madame de Viennai, pour les royalistes. Les salons de Dumas Saint-Fulcran et de Mathieu Dumas étaient mixtes ; plusieurs se contentaient d’exploiter les événements, sans les préparer ni les combattre. Des royalistes se rassemblaient aussi, sous le Directoire, chez la marquise d’Esparbès : VaublaHC, Henri Larivière, Imbert-Colomès, Lemerer, Camille Jordan, Mersan, Pastoret, le marquis de Clermont-Gallerande, La Harpe, et autres, s’y entretenaient des affaires publiques. Parmi ces habitués du salon de la marquise d’Esparbès, plusieurs furent compromis le 18 fructidor.

Madame Récamier, femme du banquier Jacques-Rose Récamier, demeurant rue du Mail, n° 19 (1), fut une des reines de la société parisienne sous le Directoire. Elle eut beaucoup de relations sociales avec madame de Staël. Puis elle demeura au château de Clichy-la-Garenne (1799). Enfin, dans son hôtel de la rue du Mont-Blanc se trouvèrent confondus les Boufflers, les Chénier, les Montmorency, les Sieyès, les Bouille, les Laval, les Talleyrand, les Narbonne, les (1) Dans la maison qui fut depuis le presbytère de Notre-Dame-des-Victoires.

— Madame Récamier habita aussi rue de la Chausséc-d’Antin, n" 7, dans un hôtel splendide, consti’uit par Cherpitel, et où elle donna des bals luxueux aux Incroyables,