Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/577

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Ségur, etc. Société fort mêlée. Plus tard, elle habita successivement la rue Basse-du-Rempart, la rue d’Anjou, et la rue de Sèvres, à l’Abbaye-aux-Bois.

La politique ne tint pas, d’abord, une grande place dans le salon de madame Récamier, si célèbre par sa beauté et son esprit ; mais, peu à peu, elle s’y montra, à cause des rapports que la maîtresse de la maison entretenait avec des hommes qui traversèrent les régimes du Consulat, de l’Empire et de la Restauration. Chez madame Récamier, des libres-penseurs étaient reçus ; on y fit de l’opposition à Bonaparte. Madame Récamier quêta à Saint-Roch, en 1800, le jour de Pâques.

Au contraire, dans les salons de Talleyrand, de Fouché, de Sieyès, de Joseph et de Lucien Bonaparte, on conspira pour préparer le 18 brumaire. Sieyès demeurait dans la rue du Rocher ; Fouché avait son hôtel dans la rue Verte.

Enfin, rue Chantereine (ou de la Victoire), chez Bonaparte, général de l’armée d’Italie, se forma, vers la fin du Directoire, un salon purement littéraire et scientifique en apparence. Mais « dès les premiers jours de brumaire, de fréquents conciliabules eurent lieu entre le général Bonaparte et d’autres personnages marquants, soit du gouvernement, soit de l’armée ; une correspondance secrète et active, dont j’étais souvent l’intermédiaire, me fit soupçonner qu’il se préparait un grand événement (1). » Brumaire avait réussi, première étape de la fortune politique pour Bonaparte. A plus forte raison, après ce succès, les réunions du premier consul, soit à la Malmaison, soit à Saint-Cloud, soit au château des Tuileries, furent importantes. Elles se tenaient en grande pompe le mercredi et le vendredi. Il s’y faisait nombre de présentations d’hommes politiques, et il semblait que la solennelle existence monarchique eût déjà reparu. Ce n’étaient que domestiques à livrée, huissiers à chaîne d’or, valets de chambre, officiers et soldats en tenue de gala. Toutefois, l’ancienne noblesse ne s’y montra pas encore.

Sous le Consulat, les salons de Cambacérès et de Lebrun, qui avaient de grandes réceptions les mardis et samedis, attirèrent français et étrangers.

Les ambassadeurs près du premier consul reçurent beaucoup aussi, principalement ceux d’Angleterre, d’Espagne, de Russie, d’Autriche, (1) Mémoires du Prince Eugène, t. I, p. 76 et 77, publiés par A. Ducasse, in-S", -Paris, 1858.