Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/604

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néral Oudinot. It prenait très innocemment un"e glace, et les coups ne lui étaient sans doute pas destinés (1). » Il se plaignit, mais l’affaire fut étouffée. Oudinot et plusieurs do ses amis contribuèrent plus tard à renverser le Directoire, à servir la fortune de Napoléon Bonaparte.

Hyde de Neuville figura dans la Jeunesse dorée. Il écrit : « Nous faisions une sorte de dictature que personne ne contestait, parce qu’elle répondait aux vœux secrets de chacun. Dans tous les lieux publics, au spectacle, dans les sections, les cafés, les promenades, nous affichions bien haut notre omnipotence pour que nul ne s’avisât de la mettre en doute (2). »

Il est certain que les muscadins prenaient, d’ailleurs, leur mot d’ordre dans les salons de la haute société d’alors, dont ils mettaient en action les tendances et les projets. La Jeunesse dorée tenait journellement cercle dans un restaurant situé près du Louvre, où l’on voyait Michaud (3), les Bertin, Lacretelle, Fiévée, d’autres encore. Le gouvernement directorial eut contre lui le Café de Foy, observe un contemporain. Toutefois, des Jacobins tenaces y coudoyaient des royalistes, des boursiers, des aigrefins et des Incroyables. Gomme les cafés, les restaurants furent des lieux de réunions politiques pendant toute la durée de la Révolution. On sait que le premier établissement de ce genre avait été fondé rue des Poulies^ en 1765.

Le restaurant de Méot, à l’angle de la rue des Bons-Enfants, dans la ci-devant chancellerie d’Orléans, était fréquenté par les hommes de la Révolution ; il n’avait que très peu ou point de concurrents où se concertassent les contre-révolutionnaires. Bonaparte, Barras, Tallien et plusieurs thermidoriens y allaient assez fréquemment. Avoisinant le Palais-Royal, se trouvant au centre du Paris politique, on y connaissait aussitôt que possible, en déjeunant ou en dînant, les événements nouveaux. Delille disait des botanistes : « Leur appétit insulte à tout l’art des Méots. » Une fois par semaine, les rédacteurs des Actes des A’pôtres fai- [1]

  1. (1) Mémoires du chancelier Pasquier, t. I, p. 139. (2) Hyde de Neuville, Mémoires et Souvenirs, t. I, p. 119. (In-8°, Paris, 1888.)— Voir Club de Clichy, p. 489. (3) Condamné à mort comme royaliste, il s’enfuit. Jean-François Bertin fut un des associés des Débats, et journaliste. Lacretelle jeune avait attaqué la Convention daos le Précurseur, Fiévée fut déporté au 18 fructidor.