Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/609

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Peu de jours après, la Chronique de Paris imprimait : « M. Manuel, administrateur du Département de police, et M. le commissaire Grandini (sic) ont fait, ces jours derniers, une visite dans la librairie aristocratique du sieur Gattey, au Palais-Royal ; ils l’ont trouvée remplie des libelles les plus révoltans et les plus incendiaires. L’administration, qui est très douce et vouée aux principes, a encore pitié des mauvais citoyens. M. Manuel a plutôt cherché à convertir le sieur Gattey qu’à le faire punir (1). » Les patriotes ne purent croire que Gattey fût venu à résipiscence, parce qu’il gagnait beaucoup dans ce métier. De jeunes citoyens purifièrent la boutique « infectée du souffle des mauvais citoyens » par des fumigations de vinaigre et de sucre. L’opération se fit sérieusement, quoique d’une manière plaisante. La librairie semblait dangereuse, plus qu’aucune autre. En même temps, on trouvait dans le Moniteur (du lo mai 1790) ces quelques lignes :

« La sentence de police qui a défendu à M. Gattey, libraire au Palais-Royal, de vendre la déclaration du chapitre Notre-Dame, n’en a pas sans doute arrêté le débit. Une foule innombrable entoure en ce moment la boutique du libraire ; on présume que la police y fait faire des recherches. Cette boutique est le repaire de beaucoup d’écrits contre la révolution (2). »

Le 18 mai parut une brochure : Le Gouffre infernal des aristocrates ou l’antre de Gattey^ dans lequel un jeune provincial, entraîné comme malgré lui, se trouve initié aux mystères diaboliques de la cabale des noirs, par l’abbé Maury et Barbasure, grand-vicaire de Toulouse, par Séraphin le Cadet, premier inventeur des ombres chinoises (3). Le 21 mai, une autre pièce fut intitulée L’Aristocratie du libraire Gattey punie par le peuple^ ou supplice des a Actes des Apôtres ». Le public ne perdit pas des yeux un établissement si mal noté. Les Annales de Carra, du 24 mai 1790, contenaient ces phrases : « Paris, 22 mai.

« Hier au soir les patriotes du Palais-Royal ont fait un auto-da-fé d’une édition des Actes des Apôtres et de plusieurs autres pamphlets anti-civiques saisis chez le libraire Gattey, dont la boutique est le rendez-vous continuel des aristocrates. Ils ont en même temps chassé (1) Chronique de Paris, numéro du 18 mai 1790, p. 550. (2) I3ib. Nat., Lb 39/3432, in-8% sans date, de 32 p. (3) Bib. iat., Lb 39/3440, iu-8% sans date, de 8 p.