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Qui sanglotez, le long des rives, des aveux
Plus attendris que ceux que les vierges soupirent ;
Lac où flotte et triomphe un lumineux empire
D’ondines dont les yeux sont les yeux d’or des soirs ;
Rivages parfumés d’enfants blonds ; reposoirs
De myrtes où s’assied la nuit souffrante et grave,
Pins qui baignez vos clartés sombres dans les gaves
À l’heure où la montagne accueillante s’endort ;
Sommets où les couchants luisent en gouttes d’or
Comme teints du sang pur de quelque cœur sublime,
Cabanes qui penchez vos fronts vers les abîmes ;
Pâturages et vous zéphyrs qui les baisez,
Mer mouvante d’épis, champs radieux, laissez
Doux compagnons ! en qui l’éternité flamboie
Mon âme ! vous vêtir de sa naissante joie.
J’apporte l’ode heureuse où l’amour resplendit.
Car un matin d’idylle bleue vous m’aviez dit
Vous tous qui me parlez avec des voix berçantes :
— « Abaisse, comme un ciel, ta lyre bénissante
Sur notre force aveugle et sur notre beauté ;
Ombrage notre nuit de vivantes clartés