Page:Abadie - L’Angelus des sentes, 1901.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 38 —

Solitaire, tu sais entendre ma voix douce,
Tu comprends la pitié des feuilles sur la mousse
Et toute ta simplesse s’ouvre au roucoulis
Que frissonne en mourant la brise au cœur des lys.
Les cytises t’ont dit les odes aurorées
Dont tremble l’ombre. Mais tes roses déchirées
Par la ronce aux doigts noirs, pose-les près de moi !
Je veux, puisque tu viens me boire mon émoi,
Te confier tout bas mon amoureuse vie.
Le baiser brille au bout de mes flambes ravies,
Le chant des loriots me veille quand je dors,
Puis un satyre m’aime, et sur le sable d’or,
Ses pieds nus ont laissé d’éclatantes empreintes.
La flûte dont il joue sait les cadences saintes
Qui berçaient les bergers d’Arcadie, autrefois.
C’est le matin qu’il chante, et les vierges du bois,
Par d’étroites et verdoyantes avenues,
De ses accords charmées ! accourent toutes nues,
Et dansent sur mes bords, dans la rosée, aux sons
De son pipeau d’amour d’où sourdent les chansons.