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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

leurs soldats de la province, comme les recrues étrangères, ambitionnaient tous d’y être admis, ce qui en faisait un véritable corps d’élite où le Dedjazmatch choisissait des sujets pour les postes de confiance.

Ce Chalaka a droit à la tente blanche et il est ordinairement investi d’un fief.

Le Sef-Djagri-Chalaka (chiliarque des porte-glaives). Les grands feudataires de l’Empire avaient l’usage de faire porter devant eux des épées à deux tranchants, espèce d’estramaçons, larges de deux pouces environ, à poignée cruciale garnie en argent. Ces épées, recouvertes de housses écarlates et traînantes, sont encore portées sur l’épaule devant les Dedjazmatchs et figuraient, à ce que m’a dit un vieux feudiste, le nombre de hauts barons ou possesseurs de grands fiefs qui suivaient sa bannière. Ce Chalaka, qui a droit à une tente blanche, fait partie, avec sa bande, du campement de droite. Il est ordinairement investi d’un fief, et, dans le Damote, cet officier commandait une troupe d’environ 1,400 hommes.

Le Moulla-Bet-Bacha (bacha de toute la maison), ou commandant en chef des corps de francs-tireurs ou fusiliers. Cet officier est revêtu à sa nomination d’une cotte d’armes en soie ; mais, par suite de l’idée de défaveur attachée au combattant à l’arme à feu, malgré l’importance reconnue de son concours, cette distinction n’entraîne pas pour le Bacha la considération attribuée aux autres dignitaires pareillement revêtus. Il n’est appelé au conseil qu’à la veille d’une bataille ; il doit avoir grandi au milieu des francs-tireurs, être populaire parmi eux et habile à conduire ces soldats, dont les habitudes quinteuses rendent le commande-