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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

Le Meuzeuzo Chalaka (chiliarque des dégaîneurs), Chiliarque des cavaliers possesseurs de fiefs qui correspondent à nos anciens fiefs à haubert ou aux fiefs d’écuyers. Le corps qu’il commande comprend aussi les cavaliers possesseurs de terres allodiales, mais grevées du service militaire à peu près comme les anciens spahis de l’Empire ottoman, et les cavaliers étrangers entretenus provisoirement par des allocations en argent ou en nature. Tous ces cavaliers sont compris sous le nom générique de Meuzeuzos, en opposition aux seigneurs de fiefs importants qu’on nomme Mokouannens. Ces derniers correspondent à nos chevaliers à bannière ; ils ont ordinairement le droit de se faire précéder de trompettes et d’un tambourin, ou bien de flûtes, et ils relèvent sans intermédiaire de la suzeraineté du Dedjazmatch. Ce Chalaka est l’intermédiaire des cavaliers meuzeuzos pour tous leurs rapports avec le Dedjazmatch, et, lorsque l’armée est réunie, il juge en premier ressort des procès civils et correctionnels qui s’élèvent entre eux. Il veille à la disposition et à l’ordonnance générale du camp, et décide de tous les différends relatifs à l’emplacement des divers corps. La veille d’un festin, il reçoit avis du chef des gardes de l’alga du nombre de places réservées aux hommes de son corps, et c’est lui qui répartit les invitations nominatives. Debout durant les festins, il se tient au bas bout de la table pour faire introduire ceux qu’il a invités, maintenir l’ordre parmi eux, et user éventuellement, vis-à-vis du Biarque, de son droit de représentation au sujet de la mauvaise distribution de l’hydromel parmi ses meuzeuzos. Il a ses grandes et petites entrées chez le Dedjazmatch, et souvent une place au Conseil. Il jouit des profits d’un patronage étendu et reçoit l’investiture d’un fief,