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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

façon dont il semblait peser en toute circonstance et son peu de ménagement envers les puissants, tout concourait à surprendre ; et les Éthiopiens, habitués à rapporter à Dieu ce qui leur paraît incompréhensible, disaient que Birro, sans appui parmi les hommes, devait être quelque instrument de la volonté divine.

Le Dedjadj Guoscho voulut se rendre immédiatement à l’invitation de son suzerain, mais ses conseillers et notables furent unanimes à s’y opposer. L’un d’eux, l’Azzage Fanta, Biarque du Damote, fut choisi comme envoyé auprès d’Ali et de sa mère, pour leur représenter que le voyage du Dedjazmatch à Dabra Tabor, au plus fort de l’hiver, prêterait aux évènements une importance exagérée, et, loin de rassurer le pays, l’inquiéterait ; que le Dedjazmatch répondait de la conduite et des actes de Birro jusqu’au printemps, époque à laquelle il irait s’entendre avec eux, et que, jusque là, il convenait, selon lui, de ne pas tenir séparé Birro de sa jeune femme ; qu’on pouvait la confier à l’Azzage Fanta, et que lui-même veillerait sur elle, comme sur sa propre fille.

Le but de sa mission était de démêler les intentions secrètes du Ras à l’égard du Dedjadj Guoscho, comme aussi à l’égard des fils de Conefo, et si enfin, comme on le disait, le Ras serait bien aise de rompre le mariage de sa sœur avec Birro. Il devait, à tout prix, obtenir que la jeune femme fût renvoyée à son mari. Il devait en outre s’assurer de la sincérité des encouragements que la Waïzoro Manann faisait tenir secrètement à Birro.

Le Dedjazmatch prévint le Ras Ali et sa mère, par un messager spécial, qu’il leur envoyait l’Azzage Fanta, un de ses plus intimes conseillers, pour leur expliquer toute sa pensée et pour le suppléer