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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

centre d’environ trois cents mètres, se composait d’environ cinq mille lances. Birro avait formé ses rondeliers en un seul corps et disposé ses seize ou dix-sept cents cavaliers de façon à en dissimuler une bonne partie derrière l’infanterie et derrière des broussailles, où plus de quatre cents attendaient pied à terre qu’il vînt prendre leur commandement, et tenter avec eux de tourner la gauche ennemie. On voit que notre cavalerie de l’aile gauche, du centre et de l’aile droite était placée de façon à agir en oblique : cette disposition avait été prise dans la prévision que le bois permettrait à l’aile droite ennemie une résistance tenace. En conséquence, Ymer avait ordre de prendre l’offensive en même temps que nous, mais l’offensive prise, de chercher seulement à se maintenir sur son terrain, pendant que toute notre cavalerie, à l’exception de la réserve, chargerait en écharpe le centre ennemi et sa gauche, où l’on supposait, d’après la présence des timbaliers, que se tenait le Lidj Ilma avec l’élite de ses troupes. J’estimai notre armée à vingt-sept mille hommes ; personne, du reste, ne s’inquiéta d’en connaître le chiffre exact. Au dire du Prince, nous devions avoir plus de six mille cavaliers et dix-sept cents fusiliers ; quant au nombre des fantassins, il n’avait pas de données plus certaines que les miennes.

Le Dedjazmatch passa rapidement sur le front de bataille, en faisant de brèves recommandations, et saluant amicalement quelques hommes d’élite. Nous trouvâmes Ymer Sahalou gai et expansif ; Birro, lui, était en colère ; c’est à peine s’il fit accueil à son père. Le Dedjazmatch se plaça ensuite entre les deux corps du centre, où l’attendaient ses timbaliers et trois cents cavaliers environ, chargés de veiller sur sa personne.

Les fusiliers, entremêlés de rondeliers, s’avancèrent