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L’Art de se

bles, mais dans l’assemblage des biens incorruptibles que nous trouvons les motifs d’un amour & d’une reconnoissance dignes de Dieu.

Ainsi aussi l’homme de la nature consideré comme un homme, qui a des relations courtes & passageres avec des autres hommes, ne peut ni ne doit aymer les autres autant que luy même. Si nous étions obligés d’aymer un indifferent & un inconnu autant qu’un pere ayme ses enfans, ou que les enfans ayment leur pere ; certes tout ne seroit que desordre & que confusion dans Ie monde raisonnable. Nous devons aymer nos enfans plus que nos parens, nos parens plus que les personnes indifferentes ; or comme c’est l’amour de nous mêmes qui fait cette inégalité & cette variété de nos affections, il s’enfuit qu’il y a une premiere loy de la nature, qui veut que nous nous aymions plus que les autres.

Mais l’homme immortel a d’autres veües & d’autres obligations. Toutes ces diverses sortes de proximité & de relation qui regardent cette vie, dispa-