Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/155

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La mort humilie le grand Seigneur, le Prince, le Monarque : mais la vie humilie l’homme, & c’et dire beaucoup plus. La mort nous ôte les appuys de nôtre vanité : mais la vie dans l’abaissement où elle nous réduit, suspend en nous presque tous les sentimens de nôtre veritable grandeur. La mort fait descendre le corps dans le sepulchre : mais la vie fait, pour ainsi dire, descendre nôtre ame du ciel en terre. La mort finit le commerce que nous avions avec le monde : mais la vie suspend le commerce naturel, que nous devions avoir avec Dieu & pour lequel nôtre cœur se sent fait. La mort est suivie de tenebres, de vers, de pourriture : que nous ne sentons pas : la vie est toute composée de foiblesses, de bassesses ; d’infirmités, de disgraces, lesquelles nous sentons.

Il est donc vray qu’on se préoccupe & qu’on se trompe, lors qu’on s’éfraye par les idées s’abandon, de necessité, de solitude & de destruction, qui entrent dans l’image de la mort ; mais voici en quoy l’on ne se trompe pas ; c’est lors-