Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/242

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On peut dire même que l’amour propre entre fi essentielement dans la definition des vices & des vertus, que sans luy on ne sauroit bien concevoir ni les uns ni les autres. En generai le vice est une préference de soy-même aux autres j & la vertu semble être une préference des autres à soy-même. Je dis, qu’elle semble l’être, parce qu’en efset il est certain que la vertu n’est qu’une maniere de s’aymer soy-même, beaucoup plus noble & plus sensée que toutes les autres.

Or ici il semble que nous trouvions de la contradiction dans nôtre systeme. Car d’un côté l’amour propre nous paroit être le principe de tous nos déreglemens, & de l’autre il est certain que c’est par l’amour de nous mêmes que flous nous aquit tons de nos^levoirs. La corruption tire toutes ses forces de l’amour propre. Dieu tire d’un autre côté de l’amour de nous’ mêmes tous les motifs, dont il se sert pour nous porter à l’étude de la sanctification. Car à quoy serviroient ses promesses & ses menaces, fi Dieu n’avoit dessein s’interesser l’amour de nous mêmes. Cet