Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/268

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ont pour leur grandeur, s’applaudit de vous avoir fait du bien. Il pense avec plaisir aux obligations que vous luy avés, & dispose par là le cœur à vous aymer : mais il est dangereux de rendre de trop grands services, quand on n’a pas d’autre dessein que de s’insinuer dans les bonnes graces de ceux qu’on oblige. Je tremble pour ce grand service, disoit un Courtisan à un homme illustre, à qui on disoit qu’on n’oublieroit jamais les obligations qu’on luy avoit. Il avoit raison. Il est souvent arrivé que les grandes obligations ont tenu lieu de grandes offenses, & du moins cela arrive toujours, ou lors qu’on ne peut, ou lors qu’on ne veut point les reconnoître.

Te te diray-je Arafat ? U nia trop bien serti ^Augmentant mon pouvoir, U me l’a tout ravi.

Mais quoy que le cœur ayt ses raisons pour oublier les bienfaits qu’il a reçeu, il en a souvent d’autres pour paroitre s’en souvenir. La reconnoissance est une vertu fort estimée. Les apa« rences en font belles & attirent la cou,

sideration ;