Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/292

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possession des biens est le fondement nôtre bonheur : mais ce n’est pas le bonheur même ; car que seroit ce fi les ayant en nôtre puissance, nous n’en avions pas le sentiment ? Ce fol d’Athenes qui croyoit que les vaisseaux qui arrivoient au Pyrée luy apartenoient, goûtoit le bonheur des richesses sans les posseder ; & peut-être que ceux à qui ces vaisseaux apartenoient veritablement, les possedoient sans en avoir de plaisir, empoisonnés par leur insatiable avidité, ou affligés par les inquietudes qui accompagnent infailliblement la posseflìon des biens temporels : ce n’est donc point à parler generalement la possession ; mais le sentiment des biens qu’on possede, qui fait nôtre bonheur.

Ainsi lors qu’Aristote fait consister la felicité dans la connoissance & dans l’amour du Souverain bien, il a aparemment entendu definir le bonheur par ses fondemens. Autrement il se seroit grossierement trompé, puis que si vous separiés le plaisir de cette connoissance & de cet amour, vous verriés qu’il vous faut encore quelque chose pour être . . i :.Jieu