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connoître Soy-meme.

l’homme est proportionnée à sa petitesse & sa bassesse l’est à sa foiblesse ; & l’une et l’autre estoit dans l’esprit du Prophete lorsqu’il s’écrie parlant à Dieu, montreras tu ta force contre une feüille que le vent emporte, ou dans l’esprit du Psalmiste, lorsqu’il disoit par une espece d’hyperbole remplie de sens & de verité, que si l’on pesoit l’homme avec le neant, on trouveroit que le neant pese plus que l’homme.

On peut dire en effêt que le neant environne l’homme de tous costés. Par le passé il n’est plus, par l’avenir il n’est pas encore, & par le present en partie est & en partie il n’est point. En vain il tache de fixer le passé par le souvenir, & d’anticiper sur l’avenir par l’esperance, pour pouvoir se faire un present plus étendu, c’est une fleur que le matin voit éclorre, qui flétrit sur le mydi, & qui seche sur le soir. L’homme consideré dans ses divers estats est une creature constamment miserable, qui trouve, comme dit fort bien un Ancien, le peché dans sa conception, le travail dans sa naissance, la peine dans