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connoître Soy-meme.

che, puis que je ne pense qu’à découvrir ce qui ne perit point. Je remarque bien qu’il y a une étroite dépendance entre ce qui pense, & ce qui est étendu en moy. Mais aprés ce que j’ay découvert de la nature de l’un & de I’autre, & qu’il n’est pas necessaire d’étendre ici, il me semble pouvoir supposer, que c’est Ia non une dependance naturelle : mais une union d’institution, faite par un être plus sage & plus puissant que moy, & qui sans me consulter a attaché ce que je sens qui pense, à ce que je vois qui est materiel d’une force, que les mouvemens de ce corps sont l’occasion qui fait naitre les pensées de cet esprit; & je dois croire que de même que ceux qui ôtent les échaffaudages, ne détruissent pas pour cela Ie batîment, la mort qui ôtera l’occasion des pensées n’en détruira pas Ie fond, & la realité.

Ces pensées se reduisant generalement parlant à trois ordres, qui sont les sensations, les pensées & les sentimens du coeur ; & les unes & les autres me donnent une grande idée de l’hom-