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L’Art de se

tes en faveur de l’importance de la matiere, & même de l’utilité de cette force de connoissances, nous nous appliquerions un moment à réchercher, pourquoy la nature à attaché nos sentimens aux objêts exterieurs ? La premiere raison que nous en trouvons est que la voye du sentiment qui attache aux objets nos propres perceptions, est bien plus courte pour nous en faire usage, que la voye des idées distinctes & de l’intelligence. La raison pourroit peut-estre bien trouver l’opposition qui est entre l’eau & Ie feu : mais la nature en attachant ses sentimens à ces deux objets, trouve bien plutôt cette difference, & en est beaucoup plus frapée.

J’âjoute que cette voye du sentiment que nôtre ame attaché à ce qui en est l’occasion, est plus sûre que celle de l’intelligence. Car celle-ci peut se tromper, & il arrive souvent qu’elle se trompe ; au lieu que la voye du sentiment qui trompe toûjours en apparence, ne trompe jamais en éffêt.

On peut dire même hardîment, que