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connoître Soy-meme.

ment, à l’Odorat, & à l’Oüie, pourquoy vaudroit on excepter la Veüe de cette regle ? Le secours des especes visuelles que l’êcole d’Aristote a inventées, pour nous apprendre de quelle maniere l’ame voit les objets qui sont éioignés d’elle, est si peu raisonnable, ou plutôt si ridicule, qu’il faut presque estre un homme de l’autre monde pour s’amuser à le réfuter. Car ces images, si elles ont lieu sur le sujet des objets visibles ont elles lieu aussi sur le sujet des Sons ? Mais une image qui me representeroit l’agitation de l’air, seroit l’image d’un mouvement particulier, & rien que cela ; elle ne feroit point un Son, & encore moins un Son doux & agréable. Que si l’air agité suffit pour estre l’occasion de cette prodigieuse varieté de Sons, pourquoy un air plus subtil ne suffira-t-il point, pour estre l’occasion d’une varieté prodigieuse de couleurs ? Car si le sentiment entre essentiellement dans le Son, qui ne peut estre qu’agreable ou desagreable à l’oreille, le sentiment n’entre pas moins essentielément dans les couleurs, qui sont agrea-