Page:Abelard Heloise Cousin - Lettres II.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

blesse est moins à l’épreuve des lourds fardeaux, et que les douceurs de la vie tranquille leur sont plus nécessaires.

XIV. L’Écriture sainte est, sans contredit, le miroir de l’âme ; quiconque se nourrit de sa lecture, et profite de ce qu’il y voit, connaît la beauté de ses mœurs ou en découvre la laideur, en sorte qu’il peut accroître l’une et diminuer l’autre. C’est ce miroir que saint Grégoire, dans son Traité des Morales, livre second, nous rappelle dans le passage où il dit : « L’Écriture sainte est pour les yeux de l’âme un miroir qui nous est présenté, afin que nous voyions notre visage intérieur. C’est là, en effet, que nous connaissons nos actions honteuses, là que nous envisageons nos bonnes actions, là que nous jugeons ce que nous avons fait de progrès, et combien nous sommes éloignés d’en avoir fait. » Or celui qui regarde l’Écriture, sans la comprendre, est comme un aveugle qui aurait un miroir sous les yeux. II ne peut y voir ce qu’il est, ni y chercher les lumières qu’elle renferme. Il est devant l’Écriture, faute d’en savoir profiter, comme serait un âne devant une lyre. C’est un affamé auquel est servi un pain dont il ne sait pas manger. Incapable de pénétrer par lui-même le sens de la parole de Dieu, et n’ayant personne pour lui en préparer l’intelligence par ses instructions, il est pourvu d’une nourriture qui lui est absolument inutile.

Aussi l’Apôtre dit-il, nous engageant tous en général à l’étude de l’Écriture sainte : « Tout ce qui est écrit a été écrit pour notre instruction ; en sorte que les Écritures nous donnent patience, consolation, espoir. » Et ailleurs : « Remplissez-vous de l’Esprit-Saint, en vous entretenant vous-même dans les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels. » Or, c’est s’entretenir soi-même, que de comprendre ce que l’on dit et de savoir tirer le fruit de ses paroles. Le même apôtre dit à Timothée : « En attendant que je vienne, appliquez-vous à la lecture, à l’exhortation, à l’instruction. • Et ailleurs : « Quant à vous, demeurez ferme dans les choses que vous avez apprises et qui vous ont été confiées ; sachant de qui vous les avez apprises, et que vous avez été nourri, dès votre enfance, dans les lettres saintes qui peuvent vous instruire pour le salut, par la foi qui est en Jésus-Christ. Toute Écriture inspirée de l’Esprit-Saint est utile pour instruire, pour reprendre, pour corriger, pour s’élever dans la voie de la justice, eu sorte que l’homme de Dieu soit parfait, étant formé à toute espèce de bonnes œuvres. » Et dans sa lettre aux Corinthiens, il les invite à se pénétrer de l’intelligence de l’Écriture sainte, afin de pouvoir expliquer les passages qui seraient cités devant eux : « Attachez-vous, dit-il, à la charité ; cherchez à gagner les dons spirituels, surtout le don des prophéties ; car celui qui parle de la langue parle non pour les hommes, mais pour Dieu, tandis que celui qui prophétise édifie l’Église. C’est pourquoi celui qui parle de la langue demande qu’elle soit entendue. Je prierai en esprit, je prierai aussi de façon à être entendu. Je chanterai en esprit, je chanterai aussi de façon à être entendu.