Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mulent l’arrêt. Grands personnages dans l’État, elles sont appelées à figurer, souvent avec un rôle actif, dans les principales manifestations de la puissance publique. La comtesse Mahaut d’Artois, pair de France, soutient la couronne sur la tête de son gendre Philippe le Hutin, pendant la cérémonie du sacre. Comme l’a fait une cinquantaine d’années auparavant la comtesse de Flandre, elle siège parmi les grands barons à la Haute-Cour de justice, la Cour des Pairs. Aux assemblées préparatoires à l’élection des états généraux, elles sont représentées par procureur ; aux états provinciaux, elles siègent elles-mêmes et longtemps, jusqu’au dix-septième siècle, cet usage persistera. Au quatorzième siècle, deux hautes et puissantes dames s’excusent de ne pouvoir tenir leur place aux états du Limousin. La marquise de Sévigné consacre quelques-unes de ses lettres à une description, des plus pittoresques, de ces états de Bretagne, célèbres par leur animation et leurs beuveries, où, lors de ses séjours aux Rochers, elle a l’occasion de siéger.

Ainsi, par la conception que la féodalité fut amenée à se faire de la propriété foncière, la femme noble, pourvue des mêmes droits que les hommes, a, presque autant que les hommes eux-mêmes, exercé ces droits. Pendant deux ou trois siècles la vie politique et administrative de la France a été faite autant par les femmes que par les hommes. L’histoire de bon nombre de grands fiefs et d’une multitude de petites seigneuries le démontrerait surabondamment.