Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/109

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Sans doute ne faut-il pas conclure de là que, dans toutes les communautés de village de la chrétienté, les femmes aient paru à l’assemblée délibérante et participé à l’élection des magistrats. Mais du droit reconnu à la femme par la papauté, nous connaissons du moins un assez grand nombre d’applications, et ce, dans des régions si différentes qu’on peut conclure à la généralité d’une pareille coutume. Dans la vallée de Saint-Savin, des procès-verbaux d’assemblées tenues au treizième siècle mentionnent une femme et signalent que seule elle fit opposition à la décision unanime. La charte de Beaumont, en Argonne, si elle n’est pas, comme le veulent les féministes modernes, la première des constitutions politiques reconnaissant aux femmes les droits de citoyennes, eut du moins des filiales, telle la charte de Pont-à-Mousson, qui donnent en effet les droits politiques à tous « les bourgeois et bourgeoises ». Dans un grand nombre de villages et de bourgs de l’est de la France, de la Wallonie, du Luxembourg, les mêmes institutions sont en vigueur. Elles se perpétuèrent en France jusqu’à la fin de l’ancien régime. À la veille de la Révolution encore, des femmes, dans différents villages de France, prirent part aux assemblées de paroisses.

S’agit-il de députés aux états généraux ? Si la femme noble envoie un représentant pour sa terre, la roturière prend place dans les assemblées où vont être nommés des députés du tiers. À Ferrière-sur-Beaulieu, près de Tours, pour les élections préparatoires à l’Assemblée de 1308, les femmes prirent part comme les hommes à l’élection de ces députés. En d’autres régions, nous savons que les représentants