Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/121

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Cette chanson, une femme, Hind, de la tribu des Koréischites, en est l’auteur ; et Hind eut de nombreuses émules, telle Khansa, jeune fille à la physionomie spirituelle, au caractère indépendant, à l’esprit mordant qui, chose inouïe en Arabie, refuse le vieux mari proposé par son père et le poursuit de ses cruelles satires avant de tourner son inspiration vers la poésie guerrière et de déplorer, dans des vers où semblent cliqueter des fers de lance, flamboyer des épées, la mort de ses frères tués en de sanglants combats. S’il faut en croire, même, les plus savants arabisants, les premiers siècles de notre ère virent fleurir, « sur les rives orientales du golfe arabique, des Du Deffant, des Geoffrin, des Du Châtelet », et toute femme de bonne famille fut capable d’apprécier les poètes, de les inspirer, voire de les savamment critiquer.

Mahomet apparaît, et pour lui, pour ses doctrines, nombre de femmes s’enthousiasment : les épouses du prophète, Khadija, Aïcha, sont ses premières et ses plus fidèles disciples et, supérieurement instruite, fidèle des vieux poètes païens, la dernière et la plus aimée des épouses du prophète contribue à faire recueillir par l’islam naissant cette tradition poétique et chevaleresque que, pratique exclusivement, son fondateur, livré à lui-même, eût abandonnée.

Après la mort de Mahomet, partout des prophètes surgissent, et parmi eux des prophétesses qui, prêtresses et guerrières, s’imposent à d’innombrables fidèles par leur éloquence et leur ardeur au combat.