Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Curieuse figure que celle de cette Sedjah qui règne en Mésopotamie, en sort pour conquérir l’Arabie et sur sa route rencontre un autre illuminé, le beau Monceylamah, dont l’amour refait de l’ambitieuse une femme heureuse seulement d’être aimée !

Au cours des guerres civiles entre les héritiers de Mohammed, Aïcha, sanctifiée d’avoir tenu la tête du prophète à ses derniers moments, est le chef d’un parti politique ; et elle agit en politicienne habile, en guerrière courageuse : son épopée se termine à cette journée du Chameau, où, le sort des armes lui étant défavorable, elle est faite prisonnière par les partisans d’Ali.

Donc, pendant l’époque de semi-barbarie qui précède l’islam, et pendant la crise politique et mystique qui suit son établissement, d’exceptionnelles individualités féminines peuvent surgir. Il n’en est plus de même lorsque est établie la société islamique. Celle-là est bien fondée sur l’assujettissement de la femme. Mais, bien que le Coran et ses commentateurs, tout comme nos théologiens catholiques, voient en la fille d’Eve un être inférieur, ils ne lui refusent pas le droit à l’instruction. Et, à la grande époque où, de Gibraltar aux rives de l’Inde, flotte l’étendard vert, assez nombreuses sont celles qui surent, comme femmes de lettres, voire comme savantes, se tailler une réputation.

Zobéide, femme d’Haroun-al-Raschid, accorde sa lyre pour chanter ses propres infortunes conjugales et laisse quelques touchantes élégies. Takyab à Alexandrie, Zeinab à Arbèles se font connaître dans la législation et l’exégèse coraniques. La seconde, précurseur lointain de Mlle Chauvin, conquiert