Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chent ou confessent sont, par de sévères pontifes, rigoureusement remises à leur place.

Pour les Vaudois, l’esprit divin souffle où il veut. Qu’il anime une femme, et celle-ci pourra mettre l’inspiration divine au service de ses frères. Sur la place publique ou, plus fréquemment, dans les petites assemblées qui rappellent celles de la première église, des femmes prêchent.

« Vous autorisez la prédication des femmes, et saint Paul prescrit que les femmes se taisent dans les assemblées ! » C’est là, dans les disputes entre Vaudois et Orthodoxes, le grand reproche adressé par ceux-ci à ceux-là.

De cette innovation, d’ailleurs, le Vaudois se fait une gloire. « Chez nous, dit le missionnaire chargé de porter, sous des habits de colporteur, la bonne parole au château et à la chaumière, chez nous, les femmes enseignent aussi bien que les autres fidèles… chez nous les femmes et les hommes récitent le nouveau testament en langue vulgaire. » Considérant, suivant le mot de saint Jérôme, l’esprit et la doctrine, non le sexe, les Vaudois, ces premiers protestants, lavent la femme de la faute d’Eve qui, pour les catholiques, la doit éloigner des autels.

Nulle théologie plus antiféministe que celle des Albigeois : pour eux, la femme a, de toute éternité, perdu le monde ; avant la création même, son génie maléfique s’est manifesté. Quel moyen employa le prince du mal pour séduire les anges groupés en