Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/145

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car, pour une épouse infidèle, que de maris légers ! » Qui des deux est le meilleur ? La femme, à qui son grand cœur assure un rôle éminent dans la république. « Qui secourt les pauvres, sert les malades, ensevelit les morts ?… » L’histoire, observation du passé, témoigne hautement que ni le courage ni la capacité politique ne sont marchandés aux femmes par la nature. Tant de grandes souveraines, Frédégonde, Brunehaut et la bonne reine Blanche de Castille, tant de nobles châtelaines, actives, courageuses, ayant l’œil à tout dans leurs domaines, proclament que la femme sait être, s’il le faut, un administrateur et un chef. Elle sait même combattre. Et Christine évoque les Amazones. Sut la fin de sa vie, elle pourra renouveler ce thème en exaltant la victorieuse Pucelle d’Orléans.

Mais voici la dernière forteresse où se retranche l’orgueil de l’homme. La femme, peut-être, peut déployer parfois une activité masculine. Son esprit est incapable de pénétrer les profondeurs de la science. Et nulle femme qui puisse rivaliser avec les subtils docteurs de Sorbonne ni avec les anges de la scolastique. Pour le moment, oui, concède Christine. Mais l’inégalité intellectuelle des sexes est acquise, non innée. « Si la coutume était de mettre les filles à l’école, et que communément on les fît apprendre comme on fait aux fils, elles entendraient subtilités d’art et de sciences comme ils font. » N’est-ce pas elles qui, tandis que l’homme guerroyait, inventèrent tous les arts utiles, de l’agriculture à la peinture (vue pénétrante, celle-ci, et que reprendront après elles les sociologues modernes), et ne pourrait-on citer dans Paris mainte maîtresse es art d’enlu-