Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/156

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injustifiés. Les politiciennes de l’époque ne le cèdent de beaucoup, ni par leur activité, ni par la grandeur de leur rôle, aux politiciens. Sans doute ce sont des hommes, Condé, Retz, Mazarin, qui dirigent — et à leur profit — les événements. Mais combien de fois sans l’aide des femmes leurs plans eussent échoué !

Lorsque, au début de 1651, Mazarin a fait emprisonner Condé, c’est sa femme qui va soulever la révolte à Bordeaux, elle qui, par une éloquence sans apprêt, attire à cause les magistrats de Guyenne. Mme  de Longueville, sœur du vainqueur de Rocroi, fait mieux. Elle gagne, après vingt aventures romanesques, les Pays-Bas espagnols, y signe elle-même un traité d’alliance avec le représentant de Sa Majesté catholique, et, non sans avoir, d’un seul regard bleu, gagné Turenne, entraîne sur Paris une armée. La duchesse de Chevreuse est le pivot de toutes les intrigues qui, d’un bout à l’autre de la France, se nouent et se dénouent pendant dix ans pour et contre le cardinal. Elle a suscité la cabale des Importants, permis à Mazarin l’arrestation de Condé en détachant de lui Paul de Gondi et le Parlement ; retourné la situation en raccommodant ce qu’elle avait brouillé et, en négociant l’union de la Fronde bourgeoise et de la Fronde des Princes, chassé Mazarin de Paris, contribué enfin au retour du cardinal en lui rendant son amitié et son appui. Maint caméléon politique pourrait se réclamer de la belle duchesse.

Mlle  de Montpensier, dont la gravure a popularisé les attitudes guerrières, fut vraiment, pendant quelques mois au moins, un chef de parti. C’est elle