Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/163

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Enfin, « il ne faut pas plus d’application pour la conduite d’un royaume que les femmes n’en ont pour leur ménage et les religieuses pour leur couvent », donc vivent les femmes « vice-reines, secrétaires d’État, conseillers d’État, intendantes de finances, gouvernantes de province » ! Leur administration sera plus habile que celle des hommes, leur gouvernement plus doux.

Sans doute, à faire cette brève analyse, semble-t-on écrire la Perrette et le Pot au lait du féminisme ; mais Poulain de la Barre ne semble-t-il pas, dans une géniale prescience, avoir aperçu ces États d’Amérique et d’Australasie où la femme est en effet ministre, avocat, magistrat, pasteur, théologien ! En ce domaine, comme en tant d’autres, l’utopique anticipation est devenue réalité.

Sans doute, les livres de Poulain de la Barre, venus trop tôt dans un monde trop jeune, n’éveillent-ils pas de puissants échos. N’importe, les idées féministes sont déjà répandues, assez pour qu’un auteur comique les prenne pour thème d’une de ses pièces.

Au même moment où Molière satirise la prétention des femmes au beau langage et à la haute culture scientifique, Chappuzeau se moque de leurs aspirations à l’indépendance. « Vous êtes plus forts que nous, dit, dans le Cercle des Femmes, l’affriolante veuve Emilie à un barbon qui la courtise. La belle affaire ! les chameaux, il me semble, ont encore, à ce point de vue, un grand avantage sur vous. » Et réunissant, telle Lysistrata, une assemblée féminine, elle demande qu’un conseil souverain de femmes soit chargé, non seulement de légiférer sur