Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/191

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qu’une moitié de cet être complet que réalise leur union.

C’est, déjà, toute la théorie saint-simonienne du couple ; et déjà saint-simoniennes aussi les utopies phalanstériennes que développe complaisamment le catéchisme du genre humain. Par l’amour, par la maternité, la femme est tout le bonheur de l’homme. Comment l’homme pourrait-il s’acquitter de la lourde dette qu’à chaque instant de sa vie il contracte envers sa compagne, sinon en entourant celle-ci d’infinis respects et d’honneurs quasi divins !

« Les femmes, dit en effet notre réformateur, seront élevées dans des temples magnifiques, où l’on prendra soin d’embellir leur corps et leur esprit, jusqu’au moment où, pénétrées de doux sentiments d’amour, elles voudront réaliser le vœu de la nature. » La nature, d’ailleurs, n’exige pas des liens éternels. Abolie la funeste institution du mariage que l’homme fit naître pour assurer son empire, chacun pourra librement se laisser aller, sans contrainte, à de douces inclinations. Les enfants nés de ces unions fréquentes donneront à tous les hommes le nom de pères, à toutes les femmes le nom de mères. »

Sur une société d’où toutes les anciennes tyrannies, mariage, propriété, religion, auraient été chassées, les mères et les pères régneraient vraiment, citoyens libres et égaux, déléguant dans leurs conseils les plus sages d’entre eux. Et, justice enfin rendue aux femmes, la place légitime ainsi restituée à la meilleure moitié de l’homme, le bonheur parfait s’établirait.

Que l’on voie dans Boissel un précurseur du socialisme, du saint-simonisme (ce qui paraît évi-